Vernissage le vendredi 19 octobre à partir de 18h30
Nicolas A. A. Brun nous invite à découvrir pour la première fois son travail graphique. Il interroge notre capacité -et la sienne- à penser les images qui nous environnent, à nous en saisir, nous en émanciper, à voir au-delà.
Si Par delà la perte du savoir fut un temps le titre envisagé de cette exposition, Reprendre la main est une invitation à penser le déferlement des images. Cette métaphore diluvienne, couramment employée, illustre avec justesse leur omniprésence et la façon qu’une certaine économie à d’inonder, jour après jour, les écrans, la presse, les espaces et les sphères privées et publiques. Nicolas A. A. Brun se propose ici de penser cette myriade à travers le prisme des relations qu’entretiennent Voir et Tracer.
Les images qu’il choisit d’investir semblent s’offrir pleinement au regard puisqu’elles entrent en résonance avec le familier. Issues d’une imagerie collective -composée d’archives de luttes sociales, de documents, d’outils de communication politiciens- elles habitent notre imaginaire et l’influence. Mais avant même de s’approprier l’image, il faut l’isoler pour mieux l’observer. Puis, il convient d’interroger ses répercutions sur les cadres de l’action ou du pouvoir afin de la transmettre, d’envisager alors, de mettre en œuvre, une pratique qui permettrait de la déconstruire.
La série Discours et dispositif révèle ainsi la gestuelle co-verbale d’une classe dirigeante qui, confrontée à la série sabotages fait émerger le dispositif ; celui de l’organisation des espaces de travail (série automatisation), des luttes (série pointeuses) ou encore du pouvoir (série survie) avec la volonté et l’exigence d’en dévoiler les structures visibles et invisibles.
Si dessiner c’est faire naître la forme, la faire advenir, c’est également la laisser apparaître, la mettre en évidence. Quand Paul Klee constate qu’il y a « une immense différence entre voir une chose sans crayon dans la main, et la voir en la dessinant »*, il décrit d’une part la capacité du quotidien à se soustraire au regard et envisage d’autre part, le processus artistique qui permettrait de se saisir de ce dernier.
C’est pourquoi, nous ne pouvons observer ces œuvres sans imaginer la main qui parcourt la surface ; celle qui ne donne pas forme à une image mais la dévoile en une pulsion scopique et néanmoins maitrisée. Les lignes qui les composent ne sont pas ce qu’elles semblent être. Ni pressées, ni actives, elles sont une multitude de points, de surfaces plus ou moins grandes et de diverses couleurs. En un geste régulier, précis et assuré, la main dépose les pigments, étire la ligne qui composera cette forme inchoative et non-totalisante. Le regard porte et se perd à la surface de la feuille et au-delà de l’image (überbildung).
Reprendre la main a une intuition inédite, non pas conforme au projet mais emportée par ce dernier, par le geste confondu du mouvement de la main et de la pensée. C’est bien parce qu’il est opératoire et sensible qu’il fait sens.
Clémence Lonjon
*Citation de Paul Klee reprise par Maurice Merleau-Ponty, L’œil et l’esprit, Paris : Gallimard, 2006, p. 58
Avec le soutien de la DRAC Auvergne Rhône Alpes, de la Ville de Saint-Étienne et de la région Auvergne Rhône Alpes.
Les Limbes est membre du réseau Adele (adele-lyon.fr), ACRA, et Artist-run-space.org.
Résidence de recherche « Archipel Général »
Brouillon Général + Omnia Studia Sunt Communia + Jacopo Rasmi
Catalogue Carbone 20 « About artist-run spaces and artist-run initiatives »
Édition Idoine & Les Limbes
/!\ Lancement de publication le vendredi 21 avril /!\
« Exterminer les foetus : avortement, désarmement, sexo-sémiotique de l’extraterrestre » Zoë Sofia
Zoë Sofia
2022